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La Bolivie peine à exploiter son précieux lithium toute seule

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Par Richard Etienne | Infosud | 30/05/2010 | 14H10

Evo Morales brandit des échantillons de lithium lors del'inauguration d'une usine pilote (Gaston Brito/Reuters)

(D'Uyuni, Bolivie) Même de près, le salar d'Uyuni (mer de sel) apparaît comme une mer. Blanche. Irréelle. Inamovible. 12 500 kilomètres carrés de sel, jusqu'à 25 mètres de profondeur, des reflets bleus, des îles. Les touristes affluent.

Mais pour les Boliviens, la région rime surtout avec lithium : le désert abriterait la moitié des réserves mondiales -le gouvernement parle de 100 millions de tonnes or le prix du minerai ne cesse de grimper- et les journaux, locaux et internationaux, en parlent de plus en plus. Car le lithium, métal doté d'une grande densité énergétique, fait le bonheur des batteries les plus performantes, des ordinateurs, des téléphones ou des voitures électriques.

La Bolivie, sous l'égide du socialiste Evo Morales, marquée par des siècles de pillage, veut extraire toute seule. La future « Arabie saoudite des Amériques » entend aussi raffiner, construire, vendre, se transformer en Mecque de l'or gris. Comme dit le Président, « nous devons construire nos propres batteries, investir pour exploiter et rentabiliser le lithium au maximum ».

L'exploitation est prévue en 2014, mais l'Etat bolivien peine

Mais, seul, l'Etat peine, alors que l'exploitation industrielle est prévue pour 2014. Les pistes qui partent de la ville d'Uyuni sont en mauvais état ; dans la région, l'eau, le gaz, le savoir faire manquent. Sans compter les grèves qui pourraient ralentir encore plus les travaux. Aussi, le gouvernement cherche des partenaires acceptant leurs conditions, difficiles.

En attendant, l'université Autonoma Tomas Frias de Potosí, au sud, étudie de nouvelles techniques d'extraction. En octobre 2009, un congrès à réuni dans la capitale La Paz une soixante de scientifiques d'une dizaine de pays différents dans le même but : parfaire l'extraction, l'industrialisation et la commercialisation du lithium.

Ouverte en mars 2010, l'entreprise bolivienne chargée de l'exploitation du lithium propose une technique d'extraction « plus efficace et plus économique » que celle qui existe déjà.

Car près du village de Río Grande, aux abords du salar, une usine pilote sert depuis mai 2008 de test grandeur nature. Tout paraît planifié : « Cette usine fait partie d'une première phase qui se termine en juin 2010 », assure-t-on au siège de la Corporation minière de Bolivie, à La Paz. « Ensuite on entame les grandes constructions en vue d'une industrialisation plus importante. »

Morales veut aussi que le lithium soit transformé sur place

Quant aux produits dérivés, les choses sont plus floues. Morales, se disant contre toute exportation de lithium brut, incite les compagnies étrangères à venir s'installer au pays. Celles-ci refusent. La Bolivie doit donc se donner les moyens de faire sans et paraît réagir.

En tout cas dans les discours : Robert Carvajal, vice-ministre des Sciences et de la Technologie, estime que des usines produisant des batteries au lithium pourront être opérationnelles en Bolivie en 2018 et qu'elles créeront des emplois. Elles se situeront à Santa Cruz, poumon économique national, ou dans El Alto, banlieue de la capitale, deux centres urbains industrialisés et riches en main d'œuvre.

Le problème, c'est que le pays ne peut se permettre de traîner. D'autres gisements sont découverts, notamment au Mexique. En Argentine et au Chili, ils sont déjà exploités. Quant aux Coréens, ils assurent avoir mis au point une technique pour extraire le lithium de l'eau de mer.

En partenariat avec Tribune des droits humains

Photo : Evo Morales brandit des échantillons de lithium lors de l'inauguration d'une usine pilote (Gaston Brito/Reuters)


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